Histoire de cépage :
Du Gamay au Gamay du Beaujolais

Vignoble unique à plus d’un titre, le Beaujolais l’est notamment par son encépagement. Presque exclusivement planté de Gamay, il consacre 98% de sa surface à ce seul cépage. Il faut dire que, si c’est un coup du destin qui l’a conduit à s’enraciner dans notre région, le Gamay semble avoir été créé pour les terres beaujolaises où il s’épanouit à merveille. Et si nos vins en font la démonstration, Pisse-Dru vous en dévoile aujourd’hui les raisons...

Gamay & Beaujolais : le fruit d’un heureux hasard

Souvent appelé « Gamay du Beaujolais », ce cépage a pour dénomination officielle « Gamay noir à jus blanc »… Et bien qu’il soit indissociable de notre région aujourd’hui, c’est en Bourgogne qu’il a vu le jour, autour du village de Saint-Aubin dont l’un des hameaux lui a donné son nom. Apparu au Moyen-Âge dans ce vignoble où le Pinot Noir régnait déjà en maître, le Gamay s’y révèle plus productif et ne cesse de gagner du terrain. Seulement voilà, ce développement n’est pas du goût du Duc de Bourgogne Philippe le Hardi, qui craint que le Gamay n’érode le prestige de ses vins. Il ordonne alors d’arracher ce « vil et déloyal plant » jusqu’à Mâcon, le réservant de facto aux terres beaujolaises.

Et en retour, il donnera aux vins du Beaujolais leurs lettres de noblesse, en leur offrant une personnalité unique qui ne tardera pas à faire des envieux. Beaucoup d’autres régions tenteront d’ailleurs de percer les secrets de ce cépage, mais c’est toujours dans le Beaujolais qu’il révèlera ses plus belles expressions. Si bien qu’aujourd’hui, les deux tiers des vignes de Gamay recensées à travers le monde sont beaujolaises...

Dans les vignes, le Gamay est reconnaissable à ses petites grappes compactes, garnies de baies dont la fine peau sombre aux reflets violets renferme une chair blanche et un jus abondant.

Un jus auquel notre nom rend hommage, puisque c’est en vérifiant que le raisin « pisse dru » quand il le presse entre les doigts que le vigneron évalue la maturité de sa future récolte avant la vendange. Mais si cette expression grivoise illustre sans détour la générosité du Gamay, elle contraste avec la délicatesse de cépage.

En effet, bien que productives, ses vignes ne sont pas les plus vigoureuses. Les sols trop fertiles ont tendance à épuiser ce cépage, tandis que son bourgeonnement et sa maturité précoce le rendent très sensible aux gelées printanières ou aux fortes chaleurs. Mais à l’abri de ces conditions, le Gamay se révèle d’une richesse sans pareille. Et avec ses sols granitiques et argilo- calcaires installés sous un climat tempéré, le vignoble du Beaujolais lui offre un écrin idéal. Un écrin aux multiples terroirs qui semble avoir été créé pour ce cépage aux multiples facettes, et qui a permis d’en dévoiler toute la diversité grâce au savoir-faire de ses vignerons.

Car le Gamay exige une conduite minutieuse pour révéler ses plus belles expressions. Pour se montrer prolifique, il demande tout d’abord une forte densité de plantation, et c’est ce qui explique que le Beaujolais présente la plus importante au monde. Mais si les pieds doivent être nombreux sur les parcelles, le nombre de grappes par ceps de vigne doit être limité pour offrir de beaux raisins. Ce juste équilibre entre quantité et qualité, les vignerons du Beaujolais ont appris à le maîtriser grâce à des techniques de taille spécifiques. Des techniques choisies en fonction des terroirs ; notamment la taille longue « en Guyot » qui favorise les rendements, et la taille courte « en gobelet » qui privilégie l’espacement des grappes.

Véritable trésor régional, le Gamay est traité avec le plus grand soin dans le Beaujolais. Ses raisins y sont donc presque exclusivement récoltés à la main et sont encuvés en grappes entières, ce qui permet de préserver toutes leurs qualités avant la fameuse macération semi- carbonique caractérisant la vinification beaujolaise.

Particulièrement adaptée à ce cépage, cette méthode a contribué à révéler l’expression unique du Gamay du Beaujolais. Des raisins aux tannins légers et à la belle acidité, qui offrent des vins rafraîchissants et faciles à déguster que l’on qualifie chez nous de « gouleyants ».

Reconnaissables à leur robe profonde et éclatante, les rouges du Beaujolais dévoilent des parfums fruités de framboise, de fraise des bois, de mûre ou encore de cerise noire ; mais également des notes épicées et florales. Et s’ils sont toujours infiniment gourmands en bouche, leurs styles variés permettent de profiter de toute la diversité des arômes du Gamay.

Beaujolais, Beaujolais Villages, Morgon, Moulin-à-Vent... découvrez les différentes personnalités du Gamay dans la collection de vins de garde Pisse-Dru !