Les personnalités du Beaujolais

Photo d'un champs de coquelicots

Le Beaujolais n’a pas attendu le 21ème siècle pour être une terre de contrastes autant que de richesses.

Ce vignoble regorge de surprises et de diversité autant dans ses terroirs et ses vins que dans les personnalités qui l’ont façonné.

De la première femme directrice de cave coopérative au père du vin nature, en passant par le pape du Beaujolais nouveau et les discrets scientifiques et hommes de lettre et de gastronomie qui œuvrèrent pour la postérité et la qualité du Beaujolais : les fortes personnalités ne manquent pas à cette région et à ses vins.

Moines et seigneurs

L’abbaye de Cluny et ses moines sont connus pour leur œuvre viticole en Bourgogne, mais ils jouèrent également un rôle majeur dans le vignoble Beaujolais.

Ils furent les premiers, en dehors de la période antique (les Romains sont évidemment passés par là d’abord, il semblerait d’ailleurs que l’appellation de Juliénas doive son nom à Jules César), à planter des ceps dans la région, dans le hameau également lieu-dit de Montmain, à Vaux-en-Beaujolais, vers l’an mille.

Vaux-en-Beaujolais est aussi connu pour une autre célébrité locale, pas viticole mais artistique cette fois, en la personne de Gabriel Chevallier, qui y écrivit son roman « Clochemerle » en 1930, satire sociale du début du siècle. Le village est devenu un musée à ciel ouvert du roman, avec des installations retraçant ses lieux emblématiques et son intrigue.

Abbaye de Cluny
Abbaye de Cluny
cep de vignes
Arcades abbaye de Cluny

A la même époque, les sires de Beaujeu donnèrent une impulsion au vignoble et leur nom à la région, puisque Beaujeu est la capitale du Beaujolais jusqu’au 16è siècle avant de céder la place à Villefranche-sur-Saône, plus accessible.

cep de vignes
Arcades abbaye de Cluny

Les papes de la viticulture et de la vinification

Les 19 et 20ème siècles comptent leur lot de défis pour la viticulture et la vinification, et ils ont pu compter sur des personnalités beaujolaises qui ont œuvré pour l’œnologie de manière générale aussi bien que localement.
Deux Victor se sont attaqués aux principaux ennemis de la vigne. Le premier, tristement célèbre, décima le vignoble français: le phylloxera, qui réalisa son forfait dès 1864, avant d’être maîtrisé une trentaine d’années plus tard.
Victor Pulliat, botaniste et ampélographe, né à Chiroubles en 1827 fut aux premières loges pour assister au ravage de cet insecte meurtrier. Fils de négociant en vin, il développa très tôt un intérêt marqué pour l’agronomie. Ses connaissances et compétences lui ont permis de trouver la solution au phylloxera: plutôt que de continuer à disperser du sulfure de carbone qui faisait surtout mourir la vigne, il préconise de recourir au greffage de plants français sur des plants américains. Non seulement les résultats sont probants, mais ils permettent de valider l’hypothèse que le phylloxera arrivait tout droit d’Amérique.
Quant à Victor Vermorel, né vingt ans plus tard, botaniste également mais surtout sénateur de la Troisième République, on lui doit une invention destinée elle aussi à lutter contre un parasite trop bien connu des vignerons: le mildiou. « L’éclair », entièrement constitué de cuivre, est donc un pulvérisateur servant à répandre la fameuse bouillie bordelaise, censée protéger les vignes contre la maladie.

grappe de raisin atteinte de mildiou

Les vins
naturels

Né en 1907, Jules Chauvet s’inscrit dans la lignée des vignerons et négociants à l’âme de scientifique. Il est aujourd’hui considéré comme le père du mouvement des vins naturels. Aux côtés de ses compétences de vigneron et de dégustateur, il développa des connaissances en chimie qu’il utilisa sur les questions relatives à la fermentation malolactique, les levures et la macération carbonique, à l’œuvre dans l’ensemble du vignoble beaujolais.
Et surtout, rester vigneron lui permit d’expérimenter « in vivo », sur ses propres vignes et dans son chai, les préceptes qui sont aujourd’hui ceux des vigneron(ne)s travaillant leurs vins de manière naturelle.

Les ambassadeurs du Beaujolais

Marguerite Chabert, née en 1899, fut la première femme à diriger une cave coopérative en France, en prenant la relève de son père en 1946 à la tête de la cave de Fleurie. Elle tint la cave d’une main extrêmement compétente pendant 40 ans, et sa grande personnalité lui permet de s’imposer dans ce milieu très masculin et parfois franchement machiste. Elle fit beaucoup pour la renommée de l’appellation Fleurie, et reçut la médaille de la Légion d’Honneur en 1975.

Bernard Pivot, ou les lettres de noblesse du Beaujolais. Cet amoureux des lettres est né à Lyon, mais les effluves de la campagne Beaujolaise ont bercé sa jeunesse, qu’il passe dans la région et pour laquelle il développa un amour profond, au point qu’il évoque « une relation charnelle » avec ce vignoble.

Co-fondateur du Comité de défense du Beaujolais et auteur d’un dictionnaire amoureux du vin (Editions Plon), sa madeleine de Proust est l’expression de la vie : il considère les vins du Beaujolais comme des vins associés « à la jeunesse, à l’énergie, à la fraîcheur ».

Cabane en pierre dans le vignoble
Bouteilles de Beaujolais
Arbre dans le vignoble
f

Les trésors du Beaujolais à découvrir